« Journal d’un vampire en pyjama » de Mathias Malzieu

Parution: Janvier 2016
Edition: Albin Michel
Genre: Littérature française / Témoignage

 

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Ce livre est le vaisseau spécial que j’ai dû me confectionner pour survivre à ma propre guerre des étoiles. Panne sèche de moelle osseuse. Bug biologique, risque de crash imminent. Quand la réalité dépasse la (science-) fiction, cela donne des rencontres fantastiques, des déceptions intersidérales et des révélations éblouissantes. Une histoire d’amour aussi. Ce journal est un duel de western avec moi-même où je n’ai rien eu à inventer. Si ce n’est le moyen de plonger en apnée dans les profondeurs de mon cœur.

 

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Me faire sauver la vie est l’aventure la plus extraordinaire que j’aie jamais vécue.

Mathias Malzieu est un artiste aux multiples facettes: membre du groupe Dionysos, auteur de romans, hyperactif créatif. Jusqu’au jour où les premiers symptômes apparaissent… Première prise de sang. Le verdict tombe: il faut d’urgence une transfusion de sang avant que le cœur ne lâche.
Les examens se succèdent, la maladie porte un nom:  aplasie médullaire. Deux mots barbares pour expliquer tout simplement que son propre corps s’attaque lui-même. Cela nécessite une greffe de moelle osseuse, un procédé délicat, et de longs mois à se battre contre la grande faucheuse que Mathias appellera « Dame Oclès ».

Un bug…Je me suis fait hacker le système immunitaire, du coup je m’autodétruis. Je suis mon propre cancer.

Dans le récit de son combat contre la maladie, Mathias signe ici avec sa plume bien reconnaissable: il crée un monde fantasmagorique avec des créatures fantastiques, étranges, bienfaisantes ou effrayantes. Tout ceci est justement dosé pour ne pas oublier que c’est avant tout un journal de bord réel. Ce n’est pas voyeur, ni larmoyant. C’est juste triste et beau à la fois. C’est d’une sincérité émouvante, sans faux-semblants, en toute simplicité.

S’il raconte avec détachement son combat, c’est surtout un très bel hommage à la vie et à l’amour! Je pense au personnage de Rosie, sa compagne, qui reste à ses côtés, toujours forte et souriante, lui apportant tout l’amour dont il a besoin pour avancer. J’ai aimé voir avec quelle dévotion il tente de protéger son père et sa sœur.
Et il y a aussi ce bel hommage au personnel médical. On ne perçoit aucun ressentiment par rapport à cette très mauvaise passe. Il porte un regard plein de bienveillance envers ces personnages qui l’ont accompagné durant ses séjours à l’hôpital. 

Ces grandes déménageuses de l’espoir. A elles la lourde tâche de diffuser quelques bribes de lumière aux quatre coins de l’enfer, là où les anges perdus font du stop à main nue.

C’est un roman plein d’humour et d’autodérision. Avec beaucoup de poésie, l’auteur aborde différents thèmes: la vie, l’amour, la mort, la peur, la solitude.
J’ai aimé lire et ressentir cette volonté de se battre, ce besoin de vivre et de créer.

Puisque je suis prisonnier de mon propre corps, je dois plus que jamais apprendre à m’évader par la pensée. Organiser ma résistance en mobilisant les ressources de l’imagination. Je vais travailler dur au rêve de m’en sortir. Il me faudra une volonté en fer forgé. Un truc de marathonien. Foulée après foulée. Rythme et constance. Trouver l’équilibre entre la rigueur d’un moine et la fantaisie créative. Apprendre à faire le con poétiquement dans le cadre austère du couvre-feu que je dois respecter. Doser l’espoir au jour le jour. Transformer l’obscurité en ciel étoilé. Décrocher la lune tous les matins et aller la remettre en place avant la tombée de la nuit. Un vrai boulot de néo-vampire.

« Journal d’un vampire en pyjama » est un petit bijou de poésie, un gros coup de cœur, un hymne à la vie et l’amour, un récit bouleversant mais plein d’optimisme!

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